Les gaz à effet de serre, essentiels à la vie sur Terre, se présentent également comme notre plus grand défi. Les émissions de gaz à effet de serre (GES), principalement le dioxyde de carbone (CO2), ont atteint des niveaux sans précédent, entraînant un réchauffement climatique rapide et des conséquences dévastatrices pour notre planète. D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) provenant de l’énergie ont atteint un niveau record de 36,8 milliards de tonnes en 2022. Cela représente une augmentation d’environ 1 % par rapport à 2021 et dépasse de plus de 50 % les niveaux préindustriels. Le rapport récent du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en mars 2023, prévoit que le réchauffement climatique mondial atteindra une hausse de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle dès le début des années 2030, indépendamment des mesures prises pour réduire immédiatement les émissions mondiales de CO2.
Le caractère anthropique du réchauffement climatique est désormais acté par la communauté scientifique mondiale, conséquence de tendances non soutenables : énergie, terres, consommation, production, styles de vie. La communauté scientifique a estimé en mai 2022 que six des neuf limites planétaires avaient été atteintes.
La première étape cruciale consiste alors à comprendre l’impact de nos activités sur les émissions de GES. Que ce soit à l’échelle individuelle, communautaire ou industrielle, nous devons évaluer et quantifier nos émissions. Cela implique de collecter des données précises et exhaustives sur nos habitudes de consommation, nos méthodes de production et nos choix énergétiques.
Dans le contexte de l’évaluation des émissions de GES pour une entreprise, il est tout aussi essentiel d’adopter une approche globale et exhaustive en collectant l’ensemble des données d’activité tout au long de la chaîne de valeur, de l’amont à l’aval. Ces données d’activité, telles que la consommation en kWh, le tonnage transporté, les dépenses en milliers d’euros, etc., sont ensuite multipliées par des coefficients appelés facteurs d’émissions. Les facteurs d’émissions sont clés pour convertir les données d’activité en émissions de GES et sont calculés à l’aide d’études techniques, généralement basées sur des analyses du cycle de vie, qui permettent d’évaluer l’impact environnemental d’une activité ou d’un produit et d’obtenir la quantité de GES émise.
Ainsi, deux approches sont-elles possibles pour réaliser l’évaluation des émissions de GES d’une organisation :
– L’approche par les flux monétaires : les données d’activité sont des données financières (en euros, dollars, livres, etc.), qu’on convertit en émissions de GES (t CO2eq) à l’aide de facteurs d’émission appelés ratios monétaires (exprimés par exemple en kg CO2eq/€).
– L’approche par les flux physiques : les données d’activité sont des données physiques ou « réelle » (kilomètres, kilowattheures, kilogrammes, etc.), qu’on convertit en émissions de GES (t CO2eq) à l’aide de facteurs d’émission physiques (exprimés en kg CO2eq/unité physique), que ce soit des facteurs d’émission secondaires (moyennes d’industrie) ou primaires (provenant directement du fournisseur pour un produit donné).
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises se fient principalement à des ratios monétaires pour évaluer leurs émissions de GES. Malheureusement, cette approche, bien qu’elle soit rapide, présente des limitations importantes. Elle ne permet pas d’identifier des actions de réduction pertinentes, en particulier sur les postes les plus significatifs tels que les émissions indirectes (scope 3). De plus, l’approche monétaire est sensible aux variations indépendantes des activités de l’entreprise, comme la fluctuation des prix et l’inflation, et manque de précision en raison de facteurs d’émission peu détaillés et sujets à de nombreuses incertitudes. Par exemple, la Base Empreinte de l’ADEME présente une forte incertitude de près de 80% pour la plupart des ratios monétaires, avertissant donc l’utilisateur de la faible fiabilité de la valeur affichée.
L’approche physique reste la meilleure méthode pour disposer d’une évaluation carbone précise et fiable, et mener une stratégie de décarbonation réaliste et surtout efficace. Cependant, la collecte de données physiques, notamment auprès des fournisseurs, peut s’avérer complexe. Elle ajoute une charge considérable en termes de temps et de coûts à l’évaluation des émissions de GES. Dans ce contexte, les entreprises doivent hiérarchiser la collecte des données et choisir la méthode de calcul la plus adaptée pour atteindre leurs objectifs.
Heureusement, de nouvelles solutions technologiques émergent sur le marché et peuvent aider les organisations dans l’exercice de la comptabilité carbone, de la collecte des données et leur fiabilisation, jusqu’à l’évaluation de l’empreinte carbone, Ces solutions peuvent ingérer des données ou se connecter directement aux systèmes d’information des entreprises qui traitent les données physiques, tels que les logiciels d’achats, de gestion de la chaîne d’approvisionnement, les services informatiques, la gestion de la mobilité des employés, etc. De plus, elles peuvent également automatiser l’envoi de questionnaires aux nombreux contributeurs de données internes et externes à l’entreprise, simplifiant ainsi la réalisation du bilan GES.
Afin d’approfondir cette méthode d’évaluation carbone et sa pertinence et d’en illustrer la pertinence par des exemples concrets, contactez avec Imène Boumghar, Sustainability Director et Lead de la Practice Carbone chez Axionable.
-> Axionable accompagne des institutions financières, des acteurs industriels et des collectivités dans la mesure et la réduction de leur empreinte carbone