Dans un monde Ă©conomique en mutation rapide, le changement climatique n’est plus une menace lointaine, mais un paramĂštre stratĂ©gique immĂ©diat. Chaque dĂ©cision d’investissement, chaque Ă©valuation de risque devient un exercice de haute prĂ©cision oĂč la donnĂ©e gĂ©ospatiale se transforme en vĂ©ritable boussole stratĂ©gique. Exploiter ces donnĂ©es gĂ©ospatiales relĂšve pourtant du parcours du combattant. La complexitĂ© technique inhĂ©rente Ă ces donnĂ©es nĂ©cessite une expertise pointue que peu d’organisations possĂšdent en interne. Entre la multitude de sources disponibles, les complexitĂ©s techniques et les volumes de donnĂ©es astronomiques, transformer la donnĂ©e brute en intelligence opĂ©rationnelle nĂ©cessite une vĂ©ritable stratĂ©gie.
Inondations de la rĂ©gion de Valence 2024 (source ESA)Â
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Des formats de donnĂ©es spĂ©cifiquesÂ
Les donnĂ©es gĂ©ospatiales reprĂ©sentent un Ă©cosystĂšme riche et diversifiĂ©, structurĂ© autour de plusieurs typologies fondamentales. Les donnĂ©es dĂ©crivant des gĂ©omĂ©tries prĂ©cises – bĂątiments, localitĂ©s, cours dâeau – permettant des analyses spatiales complexes sont stockĂ©es dans des formats vectoriels respectant les gĂ©omĂ©tries comme shapefile ou GeoJSON. Lâobservation satellitaire fournissant des images spectrales haute rĂ©solution utilisĂ©es pour le risk monitoring ou la dĂ©tection dâoccupation des sols seront stockĂ©es sous formes de rasters comme GeoTiff, ou des nuages de points LIDAR utilisĂ©s pour la topographie au format LAS. Les modĂ©lisations climatiques globales comme CMIP6 ou rĂ©gionales comme Safran fournissant des reconstructions historiques et des projections futures essentielles pour la planification stratĂ©gique seront des donnĂ©es cube comme NetCDF ou HDF, reprĂ©sentant lâespace et le temps sous forme de grilles multi-dimensionnelles.
Chacune de ces typologies consiste en une structuration diffĂ©rente des donnĂ©es, qui offre des avantages et des optimisations uniques. A cette complexitĂ© sâajoute celle de la diversitĂ© des sources, produites par organismes et des laboratoires diffĂ©rents, qui possĂšdent leurs mĂ©thodes de traitement et de correction spĂ©cifiques, et rĂ©alisent des choix diffĂ©rents sur les rĂ©solutions spatiales, le calcul des variables ou les scĂ©narios climatiques considĂ©rĂ©s.
Pour sây retrouver, faire les bons choix et en comprendre les potentiels limites et biais, une bonne comprĂ©hension scientifique des problĂ©matiques climatiques est nĂ©cessaire.
Des contraintes infrastructurelles : gérer la masse et la dynamique des données géospatiales
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Les donnĂ©es gĂ©ospatiales et climatiques sont souvent particuliĂšrement massives, un seul modĂšle climatique pouvant par exemple reprĂ©senter jusquâĂ plusieurs tĂ©raoctets. De plus ces donnĂ©es sont susceptibles dâĂȘtre rĂ©guliĂšrement mises Ă jour, complĂ©tĂ©es ou corrigĂ©es. Cela implique de dĂ©finir une infrastructure technologique cohĂ©rente et spĂ©cialisĂ©e.
Pour rĂ©pondre aux volumĂ©tries une stratĂ©gie de stockage plus poussĂ©e et innovante que pour des besoins traditionnels doit ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e. La gestion de donnĂ©es fragmentĂ©es sous forme dâarborescences de fichiers implique des dĂ©fis complexes de gestion des chemins, des autorisations et des mĂ©tadonnĂ©es, auxquels des scripts dâautomatisation spĂ©cifiques peuvent rĂ©pondre.
Dans les environnements cloud comme Azure, AWS ou GCP, la gestion fine des buckets devient un enjeu stratĂ©gique. Les politiques d’accĂšs granulaires (IAM roles, bucket policies) doivent ĂȘtre pensĂ©es pour sĂ©curiser l’accĂšs aux donnĂ©es sensibles tout en facilitant leur exploitation. Les mĂ©canismes de versioning permettent de conserver l’historique des modifications, critique pour les sĂ©ries climatiques longues.
Lâutilisation de bases de donnĂ©es gĂ©ospatiales comme PostGIS permet de centraliser les donnĂ©es de type vectoriel tout en profitant de fonctions optimisĂ©es, tirant parti des avantages de lâindexation spatiale hiĂ©rarchisĂ©e, pour transformer et croiser les donnĂ©es entre elles.
La gestion des ressources computationnelles devient stratĂ©gique. Les mĂ©canismes de mise en cache permettent d’allĂ©ger les temps de traitement. L’objectif est de minimiser les temps d’accĂšs tout en maintenant la cohĂ©rence des donnĂ©es. La clĂ© rĂ©side dans la capacitĂ© Ă concevoir des architectures intelligentes, capables de gĂ©rer la complexitĂ© et le volume des donnĂ©es gĂ©ospatiales tout en maintenant des performances optimales et des coĂ»ts maĂźtrisĂ©s.
Cloud storage (Source : turningcloud)Â
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Les dĂ©fis techniques de la manipulation Â
Le traitement des données géospatiales représente un défi technique complexe qui dépasse largement le cadre data traditionnel : la valeur ajoutée réside le plus souvent dans la capacité de fusionner des sources hétérogÚnes, transformant des jeux de données isolés en écosystÚmes informationnels riches. Cette fusion impose des transformations techniques sophistiquées, nécessitant une expertise fine dans plusieurs domaines critiques.
La gestion des systĂšmes de projection cartographique (CRS) constitue un premier niveau de complexitĂ©. Chaque source de donnĂ©es utilise potentiellement un rĂ©fĂ©rentiel gĂ©ographique diffĂ©rent, imposant des transformations mathĂ©matiques pour garantir la cohĂ©rence spatiale. L’harmonisation des rĂ©solutions spatiales et temporelles reprĂ©sente un dĂ©fi tout aussi stratĂ©gique : comment croiser des donnĂ©es satellitaires Ă 10m de rĂ©solution avec des modĂ©lisations climatiques de plusieurs km de rĂ©solution ou des relevĂ©s mĂ©tĂ©orologiques ponctuels ?
L’interpolation entre points de mesure nĂ©cessite des algorithmes avancĂ©s, capables d’estimer des valeurs manquantes tout en prĂ©servant la signature statistique originelle. La validation de la cohĂ©rence des donnĂ©es devient alors cruciale, nĂ©cessitant des contrĂŽles multicritĂšres pour dĂ©tecter anomalies et incohĂ©rences.
Ces problĂ©matiques requiĂšrent la maĂźtrise d’outils hautement spĂ©cialisĂ©s comme la librairie xarray pour les sĂ©ries multidimensionnelles, rasterio pour le traitement des images gĂ©ographiques, ou GDAL pour les transformations de systĂšmes de coordonnĂ©es. Ces librairies Python dĂ©passent le cadre des frameworks de data science gĂ©nĂ©ralistes, exigeant une expertise technique Ă l’intersection de la gĂ©omatique, des statistiques et de l’ingĂ©nierie des donnĂ©es.
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Enrichir sa vision en croisant les informations : la donnĂ©e gĂ©ospatiale multicouche (Source : GIS and Environmental Monitoring, Kollos et al., 2017)Â
L’Ă©mergence de solutions innovantesÂ
De nouvelles pratiques, de nouveaux outils Ă©mergent continuellement, apportant des solutions aux problĂšmes rencontrĂ©s ou proposant des optimisations. Parmi ceux-ci, des formats de donnĂ©es pensĂ©s pour profiter des avantages du cloud, dits formats coud-native ou cloud-optimized, apportent une rĂ©ponse Ă lâaugmentation continue de la taille et de la complexitĂ© des donnĂ©es gĂ©ospatiales. Ils ont en commun de fragmenter les blocs de donnĂ©es, traditionnellement monolithiques, en ensembles de petits Ă©lĂ©ments, tout en conservant une vue dâensemble en accompagnant les sous-Ă©lĂ©ments dâun fichier centralisĂ© de mĂ©tadonnĂ©es, dĂ©crivant leur contenu et pointant vers leur adresse.
Les donnĂ©es de type vectoriel sont alors stockĂ©es au format geoparquet, proposant une compression optimisĂ©e et un traitement en colonne des tableaux de donnĂ©es qui facilite et accĂ©lĂšre lâaccĂšs aux sous-parties. Le systĂšme de gestion de bases de donnĂ©es DuckDB, Ă©galement orientĂ© colonne, offre une synergie particuliĂšrement efficace avec geoparquet, et propose mĂȘme des fonctions spatiales optimisĂ©es ! Les donnĂ©es de type raster seront elles stockĂ©es au format Zarr, qui dĂ©coupe les blocs gĂ©ospatiaux en ensembles de chunks pouvant ĂȘtre regroupĂ©s de maniĂšre hiĂ©rarchique.
Ă travers un mĂ©canisme de lazy-loading, il devient alors possible de consulter un aperçu global des donnĂ©es, puis de ne charger que la zone dâintĂ©rĂȘt, rĂ©duisant significativement les temps de latence et les ressources computationnelles nĂ©cessaires et Ă©vitant la gestion fastidieuse de systĂšmes de fichiers. Cette segmentation des donnĂ©es facilite et accĂ©lĂšre Ă©galement le traitement parallĂšle et distribuĂ© Ă travers des librairies spĂ©cialisĂ©es, comme Dask, Polars ou Ray, qui conjuguĂ© aux possibilitĂ©s de scalabilitĂ© du cloud permet dâaccĂ©der Ă des capacitĂ©s de calcul jusque-lĂ rĂ©servĂ©es Ă des acteurs spĂ©cialisĂ©s entretenant de coĂ»teuses infrastructures.
Notre expertise Ă votre serviceÂ
Si le recourt aux donnĂ©es spatialisĂ©es conjuguĂ© Ă une bonne comprĂ©hension des problĂ©matiques mĂ©tier se rĂ©vĂšle gĂ©nĂ©ralement un formidable accĂ©lĂ©rateur, la montĂ©e rapide en complexitĂ© face au foisonnement des sources et des solutions existantes implique des compĂ©tences avancĂ©es dans un ensemble de domaines spĂ©cialisĂ©s allant de la climatologie au cloud-computing. Â
Dans un contexte oĂč le climat impacte de plus en plus les dĂ©cisions business, disposer d’une expertise technique solide dans le traitement des donnĂ©es gĂ©ospatiales et climatiques n’est plus une option, c’est une nĂ©cessitĂ© stratĂ©gique. La capacitĂ© Ă transformer des donnĂ©es brutes en insights dĂ©cisionnels devient un avantage concurrentiel dĂ©terminant pour les organisations qui sauront anticiper et s’adapter aux dĂ©fis environnementaux.Â